Le Déjeuner des barricades. Pauline Dreyfus. (Grasset Et Fasquelle, 19 €)
Mai 68 à Paris : tandis que de l’autre côté de la Seine, les étudiants font la révolution, le prestigieux hôtel Meurice est occupé par son personnel. Une grève qui bouscule la remise du plus fameux prix littéraire du printemps, le prix Roger-Nimier, organisée par la milliardaire Florence Gould.
En une seule journée, sur un seul lieu, dans ce palace où se mêlent les mondanités d’un prestigieux déjeuner et la révolte d’un peuple, c’est le virage d’un pays qui se dessine. Les célébrités de l’époque ne lâchent rien de leur esprit frivole tandis que des tragédies se jouent à deux rues. L’humour et le rythme de Pauline Dreyfus, dignes d’une pièce de théâtre, font de ce roman un bol d’air dans cette rentrée littéraire.
Librairie de Bagatelle. 5 rue Ernest-Deloison. 01 46 24 16 14
Dans l’épaisseur de la chair. Jean Marie Blas de Roblès. (Zulma ,20 €)
C’est l’histoire de ce qui se passe dans l’esprit d’un homme. Ou le roman vrai de Manuel Cortès, rêvé par son fils – avec le perroquet Heidegger en trublion narquois de sa conscience agitée. Manuel Cortès, dont la vie pourrait se résumer ainsi : fils d’immigrés espagnols tenant bistrot dans la ville de Sidi-Bel-Abbès en Algérie, devenu chirurgien, engagé volontaire aux côtés des Allié en 1942, accessoirement sosie de l’acteur Tyrone Power… Et tous ces petits faits de la mythologie familiale, les heures terribles du départ dans l’urgence… Un roman ambitieux , émouvant, admirable, et qui nous dévoile tout un pan de l’histoire de l’Algérie . Une histoire vue par le prisme de l’amour d’un fils pour son père.
Librairie du Roule. 67 avenue du Roule. 01 46 24 73 43
Le jour d’avant. Sorj Chalandon. (Grasset, 20,90 €)
Il y a des auteurs qui, outre leur style, nous marquent aussi par leur sincérité, leur combat, leur cœur. Ainsi en est-il de Sorj Chalandon dans ce nouveau roman où il fait revivre la grande époque des mines du Nord et plus particulièrement le dernier grand drame minier français qui, le 27 décembre 1974 à Liévin, emporta 42 hommes. Plus de quarante ans après, la justice n’a jamais tranché sur ce drame, occultant dans un silence de plus en plus lourd les responsabilités de l’état. C’est donc un cri de colère qui hante ici ces pages, mais aussi un chant d’amour et de respect pour cette terre âpre, ce travail rude, cette fierté naturelle qui animent les hommes et les femmes de cette région. Au final plus encore que la dénonciation du scandale qui poussa les 42 morts de Liévin dans l’oubli, c’est surtout cette ode au pays minier qui fait la saveur particulière de ce roman aux allures d’hommage.
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