N.J.I. : D’où vient votre envie de créer ?
Hans Marks : Il ne s’agit pas d’une envie. Depuis toujours, c’est un besoin et il est naturel. Totalement autodidacte, je n’ai jamais pris de cours de dessin, de peinture, de sculpture ou de céramique de ma vie.
Dans votre travail, quelle relation avez-vous avec la matière ?
C’est un dialogue permanent. Quand je tourne la porcelaine pour faire des pièces en céramique, j’ai appris à « voir » la porcelaine entre mes doigts. Lorsque je travaille avec de l’argile, je dois me représenter la pièce telle qu’elle sera en bronze plus tard. Comme je suis venu plus tardivement à la taille, je n’arrive pas encore à maîtriser totalement le marbre. Il me faut une relation intime d’au moins dix ans avec une matière pour bien la comprendre.
Comment abordez-vous la sculpture ?
J’ai un côté obsessionnel. Si, par exemple, je veux sculpter ou dessiner un éléphant, je peux passer trois mois à me documenter sur ces animaux. Une fois imprégné de mon sujet, je peux tenir un discours sincère. Sinon, je vais parler de quelque chose de manière superficielle. Le côté créatif se met automatiquement en marche et je peux subitement me découvrir spectateur de ce que je produis. Cela peut arriver à n’importe quel moment. Je ne peux pas l’expliquer. Cela fait partie des mystères que j’accepte avec un certain plaisir.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Je fais une étude pour réaliser une pietà en bronze qui aura sa place dans une chapelle privée. Pour l’instant, je complète mes recherches historiques, artistiques, philosophiques et symboliques sur le sujet.
Aimez-vous travailler sur commande ?
Bien sûr ! Dans ce cas de figure, le client me pose des limites. Et c’est à moi de découvrir comment je peux être libre à l’intérieur de ces limites. La liberté et les contraintes vont de pair.
Avez-vous besoin du regard des autres ?
Qu’on me fasse des compliments ou non, avant tout, je dois être honnête avec moi-même sur la qualité et la sincérité de mon travail. Ceci dit, les compliments font toujours plaisir.
Vous remettez-vous souvent en question ?
Oui, en permanence. Il suffit de contempler un instant les sommets que furent Da Vinci et Michel-Ange pour comprendre combien il me reste à apprendre. Certes, je fais ce que je peux et de mon mieux, mais il y a encore tant de choses à accomplir.
Qu’attendez-vous de vos élèves à l’ANSEC ?
Je demande aux gens d’oser et pour cela, j’essaie de créer un climat de confiance, sans jugement. Je suis là pour ouvrir des perspectives et aider les uns et les autres à se libérer l’imagination par la créativité. De « voir » au lieu de simplement regarder, mais surtout de s’amuser et se sentir bien.