Céline Bedat « J’étais un peu atomisée pendant deux semaines avant de retourner à mon atelier. Faire quelques pas pour me rendre à l’atelier est un espace de liberté et cela me permet de découvrir ma ville sous un autre aspect. J’ai repris mon travail qui était en suspens et j’ai fait une liste de tout ce que je voulais faire. Mes premières créations étaient assez sombres. J’ai beaucoup travaillé dans les tonalités de gris. Au fur et à mesure, j’ai ajouté des couleurs plus lumineuses, comme des trouées. Je voulais apporter un peu de lumière, un peu d’espoir. Pendant plusieurs jours, j’ai pensé que créer était complètement dérisoire et que je ne servais à rien. Je me trouvais ridicule avec mes pinceaux et mes couleurs. Et puis j’ai eu des témoignages de proches qui m’ont dit qu’ils avaient besoin de l’art, de la musique et de voir mon travail. Cela m’a rassurée. Je pouvais être utile à ma façon et faire du bien ».
Juliette Plisson « Le début du confinement correspondait à la fin d’une exposition et je n’avais plus d’objectif précis. Je continue à travailler énormément. J’ai tous les jours le même sujet et je dessine les immeubles que je vois depuis mon balcon. Comme je suis en étage élevé, j’ai une belle vue sur les toits. C’est assez fascinant. Ce travail quotidien très intense me permet de chercher, de laisser mon imagination se développer, d’utiliser d’autres techniques, de mélanger les techniques et d’exercer mon œil. Cela me demande beaucoup d’énergie. Quand on est artiste, on se confine déjà d’une certaine manière pour créer. On s’isole et on se protège. Cette période de confinement nous fait encore aller plus loin à l’intérieur de nous-même ».
Philippe Robigo « Le confinement m’a amené à stopper l’activité de Créart’Lab. J’ai actuellement une nouvelle façon de répondre aux besoins et aux attentes de mes élèves. Ceux-ci m’envoient ce qu’ils sont en train de faire et je leur adresse des commentaires. Je fais des séances de modèles vivants à travers le logiciel Zoom. Comme je donne des cours, je n’avais pas pris le temps depuis des années de dessiner moi-même. C’est une redécouverte. J’avais également des projets d’exposition et je développe une thématique sur les arbres. Je travaille sur le regard que l’on pose sur les arbres. Je réfléchis aussi à un fonctionnement différent de Créart’Lab et je travaille également sur des textes de François Cheng pour essayer de trouver des points d’introduction à de nouveaux cours, à une nouvelle façon de penser la peinture et la création en général ».