Vous êtes porte-parole d’EXPOFRANCE 2025, initié par Jean-Christophe Fromantin, député-maire de Neuilly. Pourquoi avez-vous souhaité vous engager dans ce projet ?
EXPOFRANCE 2025 est un projet enthousiasmant à plusieurs titres. Il valorise la diversité des terroirs et des territoires français. Nous avons la chance de vivre dans un pays d’une richesse extraordinaire sur les plans géographique, climatique et agricole qui donne naissance à des produits d’une grande qualité. La gastronomie française est le reflet de cette diversité et constitue un vecteur essentiel d’image pour la France. L’innovation et la créativité sont également les dimensions fondamentales que porte ce projet. Le luxe à la française démontre, jour après jour, sa force d’attraction. Notre savoir-faire, notre esprit créatif restent des éléments de différenciation dans la mondialisation. EXPOFRANCE 2025 contribue à montrer le rôle que la France peut jouer en termes culturels, économiques, sociaux et environnementaux.
Issue d’une grande famille de chefs, vous ne vous destiniez pourtant pas au départ, à reprendre le flambeau. Qu’est-ce qui vous a convaincu ?
En effet, je ne me destinais pas à la cuisine. J’ai fait une école de commerce. Puis des stages au cours desquels j’ai réalisé que j’avais une marque magnifique à valoriser. Il m’a fallu partir pour revenir. J’ai décidé d’apprendre à cuisiner au côté de mon père. Le décès brutal de ce dernier a interrompu mon apprentissage tout juste commencé.
La perte de la troisième étoile trois ans plus tard était symboliquement une deuxième mort de mon père. Elle m’a décidée à pousser la porte de ma cuisine et à reprendre le flambeau avec l’objectif de regagner cette troisième étoile.
Légère, gourmande et délicatement parfumée, votre cuisine fascine. Où puisez-vous votre inspiration ?
Des rencontres avec les produits, les producteurs, les artisans, les artistes, d’autres cultures, d’autres pays… Ce sont ces rencontres qui nourrissent mon imaginaire culinaire.
Vous êtes la seule femme triplement étoilée au Guide Michelin, que cela vous inspire-t-il ?
Il m’était important de regagner cette étoile, notamment par devoir de mémoire vis-à-vis de mon père. Elle a représenté un commencement pour moi, la possibilité d’exprimer pleinement ma créativité, mon territoire d’expression culinaire.
Vous avez été sacrée en 2011 Meilleure femme chef au monde, quel souvenir en gardez-vous ?
Un moment inoubliable. Quand vous êtes autodidacte, la reconnaissance des pairs est importante.
Comment conciliez-vous votre vie professionnelle avec votre vie familiale ?
En étant pleinement présente dans chaque chose que je fais. J’ai la chance d’habiter en face de mon lieu de travail. L’amplitude horaire d’un chef est très importante. Mes journées commencent à 8h30 pour finir vers minuit. Je me ménage une coupure vers 17h30 quand je peux, pour voir mon fils, faire les devoirs avec lui et surtout, nous dînons tous les trois avec mon mari, avant que je ne file au service. Ce rituel du dîner est très important, c’est un moment à nous, de convivialité et de partage.
Avec le Daily PIC à Valence, les clients peuvent acheter un menu pour moins de 20 euros, une façon de rendre la gastronomie accessible à tous ?
Bien sûr ! Etre chef trois étoiles ne me fait pas oublier qui je suis – arrière-petite-fille de paysans – ni l’importance du bien manger au quotidien. Les chefs ont un rôle à jouer dans l’éducation du goût. Je veux démocratiser une cuisine du quotidien, saine et joyeuse.