A la déclaration de la guerre, les Etats-Unis proclament leur neutralité. Mais beaucoup d’Américains, notamment ceux résidant en France, n’approuvent pas cette décision et décident de s’engager d’une manière ou d’une autre dans la guerre.
A Neuilly, le comité directeur de l’hôpital américain, installé depuis 1909-1910 rue Chauveau, propose au ministère de la guerre via l’ambassadeur américain Myron T. Herrick de recevoir des blessés militaires au sein de l’hôpital. Le directeur des services de santé de l’armée suggère d’utiliser le lycée Pasteur. Celui-ci est réquisitionné le 11 août 1914 et est affecté à l’établissement d’une ambulance bénévole gérée par l’hôpital américain.
L’ambulance est financée par la générosité américaine. Plusieurs appels aux dons sont lancés aux Etats-Unis : particuliers, municipalités et états y répondent. Les salles de l’ambulance prennent alors le nom des villes et états américains donateurs: New-York, Boston, Philadelphie, Virginie, Rhode Island… Des femmes américaines aisées résidant à Paris comme Mrs Vanderbilt proposent également leur aide pour faire fonctionner l’ambulance. L’hôpital évalue ses dépenses à 1000 dollars par jour.
L’estimé docteur George Winchester du Bouchet est chirurgien chef de l’ambulance. D’éminents médecins et spécialistes rejoignent l’équipe médicale comme par exemple les docteurs Blake et Hutchinson. Les universités Western Reserve University, Harvard et de Pennsylvanie envoient des chirurgiens qui restent plusieurs mois en France. Les Américains sont spécialisés dans les soins dentaires : le docteur Hays dirige la section dentaire et s’occupe notamment des mâchoires fracassées. Un médecin volontaire James Judd décrit dans un ouvrage de 1919 l’ambulance américaine, son personnel et ses patients.
Beaucoup d’infirmières, pourtant moins bien payées qu’aux Etats-Unis, se présentent pour y travailler. Elizabeth Cabot Putnam a laissé une importante correspondance, écrite entre mai 1917 et septembre 1918 quand elle était infirmière en France. Son premier travail consistait à remplir les fiches des patients à leur arrivée à l’ambulance. Pour faciliter sa tâche, elle décide d’apprendre le français et notamment les termes techniques comme le nom des os ou des organes.
Enfin, de nombreux bénévoles offrent leur service comme aide-soignant. Par ailleurs, dès septembre 1914, l’ambulance se dote de voitures ambulances permettant le transport des blessés. Ce service automobile devient en 1915 l’American Ambulance Field Service dirigé par Piatt Andrew, diplômé de Princeton, ancien professeur d’économie à Harvard et sous-secrétaire d’état au Trésor de 1909 à 1911.
Les premiers blessés arrivent dès septembre 1914 suite à la bataille de la Marne. Ce sont environ 12000 blessés qui sont soignés à l’ambulance américaine jusqu’en juillet 1917. La majorité des blessés sont français. Certains parlent anglais, savent ou essayent de dire quelques mots. Des Américains sont parfois présents comme par exemple un texan Sam Brown, engagé volontaire dans l’armée française, décoré de la Croix de guerre et soigné à l’ambulance américaine pour des blessures au visage.
L’ambulance passe sous le contrôle de la Croix-Rouge américaine en 1917. Les Américains quittent le lycée Pasteur en avril 1919 et la réquisition prend officiellement fin le 13 juin de cette même année.
Infos
→ La Vitrine des Archives : du 2 novembre au 31 décembre 2017 dans le Vestibule d’Honneur,
2ème étage de l’Hôtel de Ville, de 9h à 17h30.
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