Un désir fort et compulsif de consommer des substances (…) qui entraîne un désinvestissement progressif des autres activités, c’est la définition de la dépendance donnée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Un syndrome tant physique que psychique qui affecte la santé, les relations et la vie personnelle et qui peut engendrer des risques pour l’organisme (cancers, maladies respiratoires ou cardiovasculaires…). En France, les addictions sont considérées comme un enjeu de santé publique. Ainsi, le législateur tente de réduire la consommation de substances psychoactives en réglementant l’usage de produits (alcool, tabac) ou en les interdisant (cannabis, héroïne, ectasy…) à l’image de l’augmentation du prix des cigarettes, l’usage illicite de stupéfiants ou de la Loi Evin de 1991 qui interdit de fumer dans les lieux publics et limite la publicité des boissons alcoolisées. Un phénomène qui touche toutes les générations, des ados aux adultes.
Interview.Elodie Marchin. Psychologue clinicienne, spécialisée en addictologie.
Qu’est-ce que l’addiction ?
Il s’agit d’une maladie médico-psycho sociale qui se définit par une perte de liberté de s’abstenir de consommer un produit. Je me réfère souvent à la définition du docteur Olievenstein qui a fondé l’Hôpital Marmottan : une rencontre entre un produit, une personnalité et un moment socio-culturel.
Quels sont les symptômes ?
Ils sont différents selon les produits consommés mais ils ont en commun la souffrance qu’ils engendrent. On remarque généralement une dépression, un repli sur soi, un manque d’intérêt ou encore des troubles du sommeil. Une impression que la consommation de produit n’apporte plus les bénéfices qu’elle donnait et qu’elle cause même des difficultés supplémentaires.
Comment se soignent les addictions ?
S’il y a une dépendance physique, une prise en charge médicale permettra de mettre en place un traitement médicamenteux qui réduit l’appétence, de substitution ou permet le sevrage du patient. En parallèle, la psychothérapie permet d’accompagner le patient pour comprendre à quoi lui sert au quotidien cette consommation. Il s’agit souvent d’une réflexion globale qui influe sur l’alimentation, la relation aux autres, le travail… Nous conseillons également de se tourner vers des associations d’anciens consommateurs telles que par exemple les alcooliques ou les narcotiques anonymes.
Où se soigner ?
Les types de lieux de prise en charge varient en fonction des besoins du patient et où il se sent le plus à l’aise pour en parler. Cela peut être par exemple un médecin généraliste ou un psychologue. Il existe aussi des centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) dits ambulatoires c’est-à-dire de jour sous forme de consultations et éventuellement de groupes thérapeutiques. La prise en charge peut également s’effectuer à temps complet durant plusieurs semaines dans des centres de cures.
Quelle évolution avez-vous remarqué ces dernières années ?
Avant, les patients consultaient plus tardivement. Aujourd’hui, je remarque qu’ils viennent plus tôt grâce à l’information des possibilités de soins et le fait que l’on parle davantage d’addictions dans la société. On voit des patients plus jeunes et plus âgés aussi qu’auparavant.