Rencontre. Franck Baylé. Professeur de médecine à la faculté Paris Descartes, praticien hospitalier à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris.
Quels bénéfices apporte le travail pour les personnes atteintes de troubles psychiques ?
L’approche anthropologique et culturelle autorise une lecture moderne de cette question. Depuis le début de l’ère industrielle, les méthodes de travail ont changé très rapidement bouleversant les relations de l’Homme à son environnement. La vie est plus longue mais les facteurs de stress sont différents et très nombreux. Ces « nouveaux stress » agissent négativement et d’avantage sur une personne atteinte de troubles, plus vulnérable. Malgré tout, le travail est source de reconnaissance et nécessaire au bien-être individuel et au positionnement dans le groupe social.
Quel constat dressez-vous ?
L’ergonomie du travail ne s’intéresse pas aux nécessités anthropologiques, ce qui est fondamental. Le stigma des troubles psychiques est toujours un facteur fort de rejet. Comme toujours, les préjugés favorisent l’exclusion.
Quelles pourraient être les solutions ?
Informer soigneusement employeurs et employés – ce qui se fait de plus en plus – constitue une évolution positive. Améliorer la formation des médecins du travail, à l’évaluation du handicap psychique, serait une réelle avancée.
Témoignage. Alice Vignaud. Pair-aidante et formatrice en santé mentale.
Quelle est votre histoire ?
Je vis avec des troubles psychiatriques. Aujourd’hui mon travail consiste à utiliser mon vécu pour accompagner les patients dans leur parcours de rétablissement. Cela ne veut pas dire qu’ils vont guérir, mais qu’ils vont mener une vie heureuse et épanouissante en dépit de la maladie.
Comment concilier la maladie et le travail ?
Il faut pouvoir identifier les potentiels facteurs de rechutes liés au poste, à l’entreprise et à l’environnement. Le salarié doit ainsi pouvoir connaître ses forces et ses faiblesses pour ainsi mieux gérer ses émotions. La plus grande crainte réside bien souvent dans la perte de l’emploi et cela génère un stress supplémentaire.
Quelles actions menez-vous en entreprise ?
Il s’agit principalement d’actions de sensibilisation. J’accompagne le patient pour mieux gérer sa pathologie de façon autonome, voir s’il faut adapter le poste, communiquer avec l’équipe. Les entreprises sont de plus en plus sensibles au sujet et manifestent leur envie de trouver des solutions.