Yann Arthus-Bertrand.

Pourquoi avez-vous décidé de créer La Fondation GoodPlanet en 2005 ?

Donner et partager rendent heureux. J’ai eu envie de créer cette fondation pour réaliser des projets plus facilement et rencontrer des gens. Quand on observe le monde aujourd’hui, avec le changement climatique, la pression démographique, l’écart de pauvreté, on se rend compte qu’on est finalement très protégé. Malheureusement, beaucoup n’ont pas cette chance. Le travail que j’ai réalisé avec La Terre Vue Du Ciel m’a transformé. Voir de près les problèmes du monde m’a vraiment donné envie de m’engager. Les personnes qui s’engagent vous donnent souvent l’impression qu’ils sont plus heureux que vous.

Hébergée au Domaine de Longchamp, La Fondation ouvrira ses portes en mai prochain. Pourquoi avoir choisi ce lieu ?

Finalement un peu par hasard car le domaine abritait au départ les membres de WWF qui avaient eu ce lieu. Puis ils ont souhaité partir et nous avons saisi l’opportunité. Je remercie la mairie de Paris qui nous a accordé une concession de 30 ans au Domaine de Longchamp et sans qui ce projet n’existerait pas. Il y règnera la bienveillance, la gentillesse et l’écoute des autres. À quoi servira-t-il ? C’est un lieu gratuit et ouvert à tous où l’on pourra essayer de comprendre qu’il n’y a pas de sens à la vie, mais que c’est nous qui le donnons. Il y a mille façons d’y parvenir, chacun à sa manière. Je pense qu’il faut arrêter de dire en permanence que c’est la faute des autres et se demander : « qu’est-ce que je peux faire ? ». J’aimerais qu’il soit ouvert à toutes les ONG, et tous ceux qui essaient de changer le monde.

Quels seront les évènements organisés ?

La Fondation accueillera en semaine, un public de scolaires avec un circuit pédagogique. Les enfants se baladeront dans la forêt et apprendront la relation entre les arbres, la biodiversité, un classique ! Nous organiserons tous les week-ends des évènements permanents comme des projections vidéo, des musiques du monde entier avec des animateurs. Le public pourra ainsi se renseigner sur de multiples sujets tels que les abeilles, les semences, la pauvreté, le rôle des femmes… Nous mettrons également à l’honneur des thèmes plus particuliers comme par exemple la fête du miel, les réfugiés, les moyens pour réduire la pauvreté, l’agriculture… Nous entrerons en profondeur sur des thèmes qui nous sont chers et réfléchirons ensemble à la manière de fabriquer un monde meilleur.

La Fondation GoodPlanet recherche des bénévoles pour le Domaine de Longchamp, quelles seront leurs missions ?

Elles seront diverses. D’une part à travers l’écologie pour parler de ce que réalise la Fondation à travers le monde. Les bénévoles s’occuperont d’autre part du public, et notamment de l’accès aux handicapés. Ils viendront donner un peu de leur temps et partager avec nous le plaisir que l’on a de recevoir le public. Financièrement, comment vit la Fondation ? À travers des partenariats avec des entreprises. Il n’y a pas d’un côté les industriels très méchants et de l’autre de très gentils particuliers. Même si je pense que le capitalisme détruit le monde, cela n’empêche pas les entreprises de donner un coup de main et de s’engager pour la planète.

Qu’est-ce qui vous a poussé, à 20 ans, à diriger une réserve naturelle ?

C’est l’amour ! Ma première femme s’occupait beaucoup d’animaux. On a créé cet endroit qui est devenu une réserve naturelle. C’est elle qui a donné cette couleur engagée à ma vie. À 30 ans, je suis parti étudier les lions au Kenya et depuis vingt ans je m’intéresse aux animaux.

Pensez-vous que le domaine de l’écologie ait pris une place plus importante, ces dernières années, dans les consciences ?

Sur le fond, je pense qu’il y a une vraie conscience de la situation actuelle. Mais nous vivons dans le déni. Notre civilisation est basée sur la croissance à tout prix qui ne peut pas durer indéfiniment ! On épuise les ressources, et ce n’est bon pour personne. Je pense que la seule solution, sans doute, c’est l’amour. Essayer de regarder le monde avec moins de cynisme, de scepticisme en partageant et en faisant ce que l’on peut, du mieux possible.

Vous avez sensibilisé le grand public à l’environnement à travers vos photographies, vos films, n’est-ce pas une certaine concrétisation d’aller directement à la rencontre du public, dans un lieu pédagogique dédié ?

C’est une aventure nouvelle, nous prenons des risques mais j’y crois. Contrairement au cinéma et à la photographie qui sont mon métier, ici je suis bénévole, c’est un partage à plusieurs. C’est comme cela que j’aime travailler, en me disant que l’on va essayer de faire quelque chose de nouveau et d’unique. Il ne faut pas avoir peur de se dire : je veux un monde  différent, bienveillant et moins dur.

Comment devenir Good’Bénévole ?

Vous êtes sensible à la cause écologiste et souhaitez vous engager près de chez vous ? La Fondation GoodPlanet recherche des bénévoles pour aider à l’accueil du public, organiser les èvènements (concerts, conférences…), distribuer des paniers-repas, animer et encadrer des ateliers thématiques, entretenir son potager en permaculture…

Pour plus d’informations : benevolat@goodplanet.org