Rencontre de Franck Dubosc.

interview exclusive Franck Dubosc

« Franck Dubosc. Derrière la caméra.»

Entre le stand-up, le jeu d’acteur et la réalisation, quelle est votre préférence ?

C’est la réalisation parce qu’elle suscite une dimension plus personnelle. Quand on est réalisateur, on est autant technicien qu’artiste et ce juste milieu me convient bien.

Vous êtes un acteur populaire et très proche de son public. Comment avez-vous géré la célébrité ?

J’ai commencé à faire du cinéma à l’âge de 20 ans avec un rôle principal donc j’ai toujours eu affaire à la célébrité, plus ou moins bien sûr car elle a augmenté avec le temps. Je ne l’ai pas vu grandir, j’ai vécu avec.

Depuis combien de temps habitez-vous à Neuilly ?  

J’y habite depuis plus de 20 ans. Je vivais dans un petit deux pièces du 18ème et je voulais déménager dans le quartier. L’agent immobilier m’a fait visiter un appartement à Neuilly dont je suis tombé amoureux. Ce qui me plaît c’est le calme avec ses rues larges. Je suis papa et quand on a des enfants, Neuilly est idéale. Il y a tout ! Le dimanche, on aime déjeuner au restaurant La Place, qui nous manque en ce moment. J’aime aussi aller sur l’Ile de la Jatte au Petit Poucet et au cinéma Le Village.

En tant qu’artiste, comment avez-vous vécu le confinement ?

Je l’ai vécu dans le sud de la France. Par chance, j’ai fini de jouer mon spectacle au tout début du confinement et j’allais tourner mon deuxième film. Cela  m’a permis de travailler encore plus  le tournage et d’écrire un autre film avec Anthony Marciano. Concernant la fermeture des lieux culturels, ceux qui en souffrent le plus, ce sont les intermittents.

Vous avez rendu hommage à Claude Brasseur, décédé le 22 décembre dernier. Quel souvenir en gardez-vous, notamment lors du tournage de Camping ?

Il avait l’humilité de ne pas être celui qui apprend aux autres. Et c’est ce que je retiens, l’humilité. Même quand on a autant d’expérience que lui, on apprend encore et on écoute le réalisateur. Il a joué dans mon premier film et c’est pour moi une fierté car c’était son dernier.

Vous tournez actuellement dans un téléfilm qui traite d’un sujet délicat, celui de la fin de vie. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

J’avais envie d’écrire sur ce sujet car la fin de vie de mon père a été compliquée. Je ne m’en sentais pas capable alors j’ai travaillé avec un auteur Jean-André Yerlès (La Cage Dorée, Demain tout commence…), je lui ai raconté ma vie pour qu’il l’écrive. C’est l’histoire d’un père prêt à mourir alors que son fils ne lui a pas dit je t’aime et qui est persuadé que son fils a honte de lui. On vient de commencer le tournage par un discours que je récite une fois mon père mort. Et au moment du fameux « action » – je ne m’y attendais pas car je connaissais mon texte par cœur, j’étais prêt et entouré d’une équipe formidable – les larmes sont venues. Je croyais avoir dépassé cela. En tant qu’acteur on triche face au public car on fait ressentir des émotions que l’on n’a pas. Là il faut tricher par rapport à soi-même.

Après Tout le monde debout qui a réuni plus de 2 millions de spectateurs, vous avez achevé la réalisation de votre second long-métrage, Rumba la vie, qui sortira début 2022. Avez-vous envie de vous installer définitivement derrière la caméra ?
C’est l’histoire d’un chauffeur de bus qui, suite à une crise cardiaque, décide de renouer avec sa femme et sa fille qu’il a abandonnées. Pour cela, il s’inscrit incognito dans le cours de danse où elle est prof. Je culpabilise tellement d’avoir si souvent abandonné mes enfants pour jouer que j’avais envie de pousser le bouchon jusqu’à l’extrême. Mes films partent souvent d’une culpabilité que je ressens et que je veux rattraper. Je n’ai pas eu l’occasion de le faire sur scène car il fallait être drôle à tout prix. On veut souvent se montrer autrement que ce que l’on est réellement. Je souhaite continuer à être acteur mais plus je vieillis et plus les rôles que j’aimerais interpréter sont plus jeunes que moi. Et donc écrire et réaliser c’est une manière de faire jouer à d’autres mes envies. J’ai encore un rôle dans mon prochain film mais j’ai hâte de laisser la place aux autres !