Katherine Pancol.

Double actualité pour la romancière à succès Katherine Pancol. Sa pièce Un homme à distance est à l’affiche du Théâtre des Sablons le 16 novembre. Et son dernier roman Trois baisers, paru le 4 octobre aux Éditions Albin Michel, fait les beaux jours des libraires. Rencontre avec une écrivaine solaire et généreuse profondément attachée à Neuilly, la ville où elle réside.

katherine pancol

Pourquoi avez-vous adapté votre livre Un homme à distance au théâtre ?

J’aimais beaucoup ce livre et je ne voulais pas quitter les personnages. Comme je ne pouvais pas faire une suite puisque l’histoire était bouclée, j’ai décidé d’en faire une pièce. Ainsi, je pouvais rester un peu plus longtemps avec Kay et Jonathan. Et si la pièce se jouait, je pourrais aller les voir (rires).

Le spectacle a-t-il été difficile à monter ?

Oui. À chaque fois, il manquait une pièce au puzzle. Puis j’ai rencontré dans mon petit village de Normandie Christelle Reboul et Nicolas Vaude qui cherchaient une pièce de théâtre pour jouer tous les deux. J’avais Un homme à distance dans mes tiroirs. Ils ont lu la pièce et l’ont adoré. Ils ont trouvé un producteur. Tout s’est débloqué en 48 heures.

Avec votre nouveau roman Trois baisers, vous prolongez la saga Muchachas

Tant que mes personnages restent, c’est qu’ils ont encore des histoires à raconter. Mes personnages sont voraces et ils ne veulent pas arrêter d’exister. Je leur trouve toujours quelque chose à faire et à vivre. Et puis, à la fin de Muchachas, j’avais laissé des intrigues en suspens. Des personnages qui étaient seulement des profils dans Muchachas montent dans l’histoire de Trois baisers. Et inversement, des personnages principaux deviennent secondaires. C’est sympa à construire.

Pourquoi avez-vous choisi le titre Trois baisers ?

Un titre, c’est vraiment magique. Cela me tombe dans la tête. Dans mon livre, le baiser est un passage, presque un rite initiatique. Chaque fois qu’un baiser est donné, cela change quelque chose. Certains personnages avancent d’un grand pas.

Selon vous, écrire, c’est un travail de détective…

Je me nourris et je m’inspire des histoires de la vie pour faire exister mes personnages. J’observe beaucoup et je raconte. J’ai l’impression d’être une scripte. Par exemple, je suis entourée d’écoles à Neuilly. J’écoute les enfants qui sortent de Sainte-Croix. Des histoires arrivent à toute allure. Les jeunes se parlent, s’apostrophent. Ils laissent tomber une rédaction dans l’autobus. Je suis détective, je ramasse. Je « pique » l’air du temps.

Comment travaillez-vous ?

Je me documente beaucoup. Et quand j’avance quelque chose, c’est vrai. Pour Trois baisers, j’ai fait tout un travail sur le monde la ferraille. J’ai enquêté sur le milieu de la mode qui a beaucoup changé avec internet et les blogs et j’ai aussi exploré l’univers de la musique.

Avez-vous un rituel dans l’écriture ?

J’écris l’après-midi. Je travaille de 14h30 à 19h30 comme si j’allais à l’école tous les jours.

Vous entretenez un rapport étroit avec vos lecteurs. C’est important pour vous…

Je ne suis pas trop sur les réseaux sociaux car cela prend beaucoup de temps. J’ai pourtant un compte Facebook et Instagram. Par ailleurs, j’ai un blog où les gens peuvent m’écrire et m’adresser des mails personnels. Ils me racontent leur histoire. Pour Muchachas, j’ai reçu de très nombreux témoignages de femmes battues. Des personnes hospitalisées qui lisent mes romans me disent qu’ils se sentent mieux grâce à moi. C’est formidable et très touchant. Des gens que je ne connais pas me laissent entrer dans leur vie le temps d’un mail. Ils se confient. Je leur réponds une petite chose et j’essaie de leur donner une perspective, un peu de réconfort.

Lisez-vous beaucoup ?

Je lis tout : des biographies, des romans, des livres de philosophie. Mon appartement est rempli de colonnes de livres. J’aime relire des classiques, en particulier mes deux préférés, mon cher Balzac et ma chère Colette. Balzac brosse une société qui est toujours d’actualité. Par ailleurs, Colette a un rapport avec la sensualité incroyable. Elle décrit parfaitement toutes les nuances de l’âme, du cœur.

Vous habitez Neuilly depuis de nombreuses années et vous y sentez bien…

Neuilly me calme et me rassure. Dans l’agitation du monde, cette ville est apaisante. Les rues sont larges. J’ai l’impression d’avoir de l’espace et je ne me sens pas serrée comme dans une boîte à sardines. La ville est arborée. J’ai besoin d’avoir ce contact avec la nature, de voir passer les saisons. Et puis, le bois de Boulogne est à deux pas. J’aime bien courir après avoir travaillé. Cela me détend la tête. Je fréquente des petits restaurants sympas de la place Parmentier. Et j’adore aussi le Monoprix de Neuilly (rires).