Pouvez-vous revenir sur la genèse des travaux de réaménagement qui bouleverseront la physionomie de l’Ouest parisien ?
JCF. Dès mon élection en 2008 j’ai travaillé sur le projet de requalification de l’avenue Charles de Gaulle avec la volonté d’offrir un nouveau cadre de vie, de reconstruire un lien entre le nord et le sud de Neuilly mais aussi avec Paris et La Défense. Avec Brigitte Kuster, alors Maire du 17ème arrondissement, nous avons porté l’idée d’un réalignement de l’axe historique. Le réaménagement actuel de la porte Maillot et la suppression du rond point vont permettre de relier directement l’avenue de la Grande Armée et l’avenue Charles de Gaulle. Cette mise en cohérence de l’axe est essentielle pour ouvrir cette relation nouvelle entre Paris et Neuilly et améliorer l’attractivité de nos territoires.
GB.Jean-Christophe a impulsé ce projet novateur pour nos territoires. Au projet initial se sont ajoutés, entre le 17e et Neuilly, deux projets architecturaux d’envergure issus de l’appel à projets urbains innovants « Réinventer Paris » : La Ville Multi-Strate porté par BNP Paribas et « 1000 arbres » par la compagnie de Phalsbourg. Grâce au réaménagement de la place Porte Maillot, lieu stratégique du Grand Paris, les piétons auront plus d’espace. Sa physionomie va totalement changer avec la création d’une gare de RER (le prolongement du RER E de Saint Lazare à Mantes la Jolie) en 2022, l’arrivée du tramway en 2023 (T3) à l’est du Palais des Congrès. Ce dernier devrait aussi s’agrandir, la Ville de Paris négocie actuellement cette extension avec Unibail.
Quels sont les résultats concrets issus des concertations avec les habitants ?
JCF. La concertation s’est construite avec le temps. D’abord en 2010 quand j’ai lancé le projet Axe majeur, puis en 2015 à l’occasion du débat sur le Plan local d’urbanisme et plus récemment avec les deux moments de la concertation : à l’occasion de l’exposition organisée au printemps dernier avec près de 2000 visiteurs et plus récemment dans le cadre de l’enquête publique au cours de laquelle une centaine de personnes s’est déplacée en mairie. Ces différentes séquences d’échanges nous ont permis d’adapter le projet aux attentes de la population, mais aussi des entreprises et des commerçants. L’aménagement paysager ou les nouveaux modes de circulation douce ont été des points d’intérêt parmi ceux les plus largement partagés.
GB. Pour pallier au problème essentiel des chantiers, la communication et suivre en temps réel l’avancement des travaux place des Ternes nous avons lancé une application mobile avec la startup « fluicity ». L’enquête publique concernant le prolongement de la ligne T3 commence au mois de juin. A la demande des habitants, nous allons créer une station de tram porte de Villiers, n’étant pas prévue dans le projet initial. Nous avons œuvré pour le maintien des pistes cyclables menacées sur l’avenue Gouvion de St Cyr. Nous avons également demandé la requalification du terminal bus, Porte de Champerret car la vétusté de l’infrastructure et son architecture obsolète ne pourront s’intégrer harmonieusement dans le nouveau paysage urbain lié aux travaux du prolongement du T3.
Quels sont les engagements pris par les partenaires pour que les riverains soient le moins affectés possible par ces travaux d’envergure ?
JCF. Nous maitrisons bien les phases de travaux, nous avons réalisé des ouvrages importants en plein centre-ville. En effectuant un travail préparatoire sur les déviations, l’isolement acoustique ou le respect des horaires et en restant très vigilant, nous créons des conditions favorables au bon déroulement du chantier. Pour bien gérer le quotidien, la programmation en amont est essentielle ainsi qu’une communication régulière.
GB.A Paris, suite à l’expérience du T3 en termes de communication et de gestion du chantier, nous demeurons vigilants. La circulation porte Maillot constitue un enjeu très important, tout comme les livraisons et suscite des inquiétudes fortes autour du Palais des Congrès, qui restera ouvert pendant les travaux. Nous devons permettre aux commerçants de la galerie de continuer leurs activités et aux professionnels de venir aux salons se déroulant à la Porte Maillot. Il faut donner de la perspective aux habitants, leur expliquer la finalité concrète de ces aménagements : l’interconnexion côté transports, un environnement plus arboré, un meilleur cadre de vie.
Ces deux grands chantiers font la part belle au vélo, s’inscrivant dans la tendance de la Mairie de Paris. Vous souhaitez chasser la voiture ?
JCF. L’évolution des déplacements est au cœur des nouveaux enjeux. L’arrivée des nouvelles lignes de métro du Grand Paris Express et l’incitation à utiliser des modes de circulation douce comme le vélo doivent être intégrés dans les nouvelles configurations. Par ailleurs les constructeurs automobiles estiment qu’en 2021 une première bascule s’opérera du moteur thermique vers les moteurs hybrides ou électriques. Nous entrerons dans un nouveau monde et notre devoir d’élu est de travailler à la mise en place des meilleures conditions pour proposer des alternatives pratiques à la voiture. En revanche ces nouvelles solutions doivent être développés dans un cadre concerté et cohérent entre les villes de la métropole du Grand Paris.
GB.La question du partage de l’espace public est au cœur de l’actualité. Il ne s’agit pas de chasser la voiture, plutôt d’anticiper la transition.
Les arrondissements parisiens et les villes limitrophes comme Neuilly existeront ils toujours dans 20 ans ?
GB.Les mairies d’arrondissement demandent davantage de compétences dans les domaines intéressant les parisiens : propreté, voirie, logement. Dans 20 ans, les frontières du périphérique vont s’estomper, les identités des territoires demeureront. Peut-être y aura-t-il un Maire du Grand Paris…En tous cas il faudra trouver un équilibre entre l’échelon de proximité et une vision stratégique de métropole mondiale. Une métropole attractive, valorisant le territoire, créant de l’emploi, et non un lieu déconnecté des réalités ou une ville musée comme Rome.
JCF. Il est essentiel que la commune reste l’échelon politique de référence car c’est dans la proximité que la confiance se construit. En revanche nous devons mettre en place de nouvelles échelles pour développer des politiques métropolitaines. Le développement économique, les transports ou la formation supérieure sont des politiques publiques qui se construisent à l’échelle des métropoles. Je plaide pour que le Gouvernement prenne rapidement des décisions afin de simplifier l’organisation territoriale du Grand Paris en veillant à laisser à chaque niveau de vraies capacités d’action. La suppression progressive de l’autonomie fiscale des communes ne va pas dans ce sens et risque de poser sérieusement la question de leur « libre administration » comme le prévoit pourtant la Constitution française.