Lurdes Viera. De Braga à Neuilly-sur-Seine “Ma passion, c’est suivre le cours de la bourse”.
Lurdes est gardienne à Neuilly. Joyeuse, discrète et dynamique, elle nous ouvre sa porte, accompagnée de son pinscher nain.
Née à Braga, dans le nord du Portugal, elle est élevée par ses grands-parents et doit attendre l’âge de onze ans pour rejoindre ses parents et sa fratrie en banlieue parisienne. Elle y fait toute sa scolarité avant d’obtenir un diplôme de secrétariat et de comptabilité. “Il fallait vite travailler pour aider ma famille et mes sept frères et sœurs”.
C’est en travaillant dans les bureaux d’un supermarché qu’elle rencontre son mari, Victor, alors chef de rayon. Ils se marient et ont deux garçons, Yohann et Jordan. Une opportunité professionnelle les amène à retourner au Portugal, dans le Ribatejo (Rives du Tage). “J’ai pleuré pendant deux ans, la France et ma famille me manquaient beaucoup”.
Ils ouvrent ensuite plusieurs commerces dans le centre, puis dans le nord. Et puisque les Vieira ont plusieurs vies, ils se lancent dans la restauration. Mais la crise de 2008, redoutable, leur fait perdre toutes leurs économies.
“Après tant d’efforts, il ne nous restait rien. On avait deux solutions : nous pendre ou repartir à l’attaque”. Soudés, ils traversent cette période de chômage et de déprime. C’est la solidarité et le soutien de leur famille qui leur permet de chasser les nuages. Le cousin de Victor et sa femme les aident à retrouver du travail. Au revoir Pastéis et Bacalhau, après dix-sept ans, la France les rappelle à elle. “Le Portugal est un très joli pays mais pour y vivre bien, il faut avoir les moyens”. Leurs fils n’ont pas voulu quitter Braga, Lurdes pense beaucoup à eux et à son petit-fils âgé d’un an et demi, ils se parlent sur Skype et vont se voir régulièrement. Heureusement le Portugal n’est qu’à une heure et demi d’avion. Pour elle, Neuilly est un bon choix “les gens sont gentils, polis, il y a une vraie qualité de vie et un sentiment de sécurité”. D’abord auxiliaire de vie auprès d’une femme centenaire, Lurdes saisit l’opportunité de cette loge quartier
Saint-James, dans laquelle elle vit avec son mari. Elle débute sa journée à sept heures, sort les poubelles, gère l’entretien de l’immeuble et des jardins, distribue le courrier et chouchoute les locataires qu’elle
écoute d’une oreille attentive “ils me confient leurs bonheurs, leurs malheurs, on papote, ça rend ce métier sympathique”. A l’heure de la pause, quand elle ne retrouve pas ses nièces ou ses belles-sœurs, elles aussi gardiennes à Neuilly, Lurdes adore regarder… Les cours de la bourse ! Elle a même investi dans quelques actions. Une femme pleine de surprises qui met du coeur dans tout ce qu’elle entreprend. Muita felicidade.