Patrick Bruel. Place d’un grand homme à Neuilly.

Neuilléen depuis plus de 25 ans, Patrick Bruel partage son temps entre Los Angeles, le sud de la France où il détient un domaine et bien sûr Neuilly. Et c’est ici, que ce talentueux chanteur, acteur et comédien qui a su gagner le cœur des Français, a vécu le premier confinement. Là encore, qu’il poursuit ses projets en rachetant une société de production. Une ville intimement liée à son quotidien et dont il a accepté de nous parler parmi son actualité, ses engagements et ses envies de tournée.

Votre album DVD Ce soir ensemble est sorti en décembre dernier.

Un concert à Paris-La Défense Arena qui s’est tenu un an plus tôt.
La scène vous manque-t-elle ?

C’est plus que cela. Sans la scène et ce partage, tout a beaucoup moins de sens. À l’heure où je vous parle nous sommes sur le point d’annuler les concerts des mois de mai et de juin. On souffre surtout d’un manque de visibilité. Parce que l’on nous parle d’aménagements, de jauge à 35%, d’impossibilité peut-être d’imaginer deux concerts le même jour. Comment réussir à satisfaire tout le monde ? J’ai beaucoup de chance d’avoir un public fidèle et patient qui a gardé ses places. La scène me manque et à la fois j’ai maintenu le lien avec des spectacles à la maison.

 

Vos lives sur les réseaux sociaux ont permis de garder le contact avec le public ?

Depuis un an, jour de mon premier StandUp@Home au début du confinement, on a dépassé 20 millions de vues donc c’est un nouveau monde, une nouvelle approche. Je n’en avais jamais fait auparavant. Cela m’a peut-être même donné des idées pour la tournée acoustique que je commence en septembre.

Depuis combien de temps habitez-vous à Neuilly ?

J’y habite depuis 1994. J’ai eu la chance de rencontrer cet ppartement et d’avoir un coup de foudre. Le jour de ma première visite, l’agent m’a laissé la clé. J’ai passé une soirée avec mes amis sur cette terrasse. Ça a duré très tard, personne ne voulait bouger… il y avait de très bonnes ondes. Je ne suis jamais reparti. J’aime le fait d’être extérieur
à Paris et à la fois à dix minutes des Champs-Elysées.

La décision du confinementle 16 mars dernier a été prononcée alors que vous aviez prévu des dates de concerts en mai. Comment l’avez-vous vécu ?

J’ai eu la chance de commencer ma tournée le 12 février 2019 jusqu’en décembre. Donc la plus grosse partie de cette tournée était derrière nous mais nous avions à cœur de repartir sur les routes. Au début, on ne savait pas si cela allait être possible. Trois semaines plus tard, on a compris et reporté à octobre/novembre. Vous connaissez la suite. Je suis resté les cinq premières semaines seul à Neuilly. J’ai lu, écris, préparé des lives, j’ai regardé des séries et des films. Et j’ai surtout profité du silence, fantastique et tellement porteur. J’ai finalement tiré avantage de ce moment. Même si je ne souhaite à personne d’attraper ce virus.

Avec la “Bruelmania”, vous avez été propulsé dans un tourbillon médiatique. Comment avez-vous gardé la tête froide et réussi à tracer votre chemin pour que ce succès perdure ?

J’ai toujours eu du mal à vivre l’instant présent… Sans doute trop dans la projection et ce réflexe de tout analyser, d’essayer de voir plusieurs coups à l’avance… Pour le meilleur et pour le pire… Je n’en ai parfois pas assez profité mais cela m’a permis aussi d’avoir du recul et de la distance sans trop m’enflammer. Une carrière, c’est un parcours avec
ses hauts et ses bas, ses écueils, ses accidents, ses surprises. J’ai été bien entouré et c’est je crois, le plus important pour un artiste ou en tout cas une personne dans la lumière.

Outre ces activités, vous êtes également passionné de football, champion du monde de Poker (1998) et depuis quelques années, producteur d’huile d’olive. Y a-t-il un rêve que vous n’ayez pas réalisé ?

J’ai toujours la sensation que le meilleur reste à venir. J’ai beaucoup de projets. Je travaille actuellement à la réouverture (bientôt j’espère) et l’évolution de mes trois restaurants (La Gare, Bœuf sur le Toit et bientôt Deep Fish). On vient également de créer une très belle gamme cosmétique autour de la feuille d’Olivier (L’olivier de Léos), respectueuse de l’environnement. Sur le domaine, on produit aussi du miel, de la lavande et du vin. Notre première récolte de rosé est prête. Et dans deux ans, je pense qu’on aura notre première cuvée de rouge. Un travail élaboré avec un triple cépage pour lequel je me suis entouré des meilleurs. Pour l’huile d’olive, on a remporté plus de 25 médailles et distinctions, c’est une très belle aventure. Tout ce que j’entreprends, j’essaie de le faire du mieux possible. Je dis toujours à mes enfants : « Ce qui m’intéresse, c’est la marge de progression, l’effort. Bref, le travail et surtout la sensation d’avoir réellement fait de son mieux ».

Le concert des Enfoirés s’est déroulé il y a quelques semaines. C’était votre 28ème participation au profit des Restos du Cœur. Pouvez-vous nous parler de cet engagement ?

L’aventure a commencé dès le départ avec Coluche pour lancer cette merveilleuse initiative en pensant que jamais cela ne durerait aussi longtemps. Malheureusement on est encore là, et on se dit que l’on ne se sert pas à rien. Et on joint l’utile à l’agréable car on se retrouve tous pendant une semaine. L’émission rencontre entre 9 et 11 millions de téléspectateurs tous les ans et génère 120 millions de repas, combiné avec l’action des bénévoles qui est extraordinaire.

Quelle est, selon vous votre plus belle chanson ?

C’est difficile car les chansons sontle reflet de moments, d’émotions et d’instantané. Raconte-moi, celle que j’ai écrite pour ma maman. Ou peut-être Je fais semblant, écrite par la maman de mes enfants (Amanda Sthers) ou encore Elie pour mon grand père.

Votre meilleur film ?

Là encore c’est impossible d’en isoler un ! Du Prénom à L’union sacrée en passant par La maison assassinée, Un secret
ou Un sac de billes, J’ai beaucoup de tendresse pour chacun de mes rôles. Et il y a aussi Le meilleur reste à venir avec Fabrice Luchini…

Votre meilleur souvenir avec le public ?

C’est notre histoire. Le public m’a adopté, fait confiance et suivi chacune de mes propositions, de mes audaces. On a construit une belle histoire au point de provoquer un renouvellement générationnel qui est très touchant et qui est aujourd’hui plus que jamais, une force pour moi.

Votre plus belle rencontre ?

Mes enfants. Au-delà de l’émerveillement de la naissance et de leurs parcours, je me dis que j’ai beaucoup de chance car si je ne les connaissais pas, et que je les rencontrais aujourd’hui, je rêverais d’être leur copain. Sinon, une fois de plus, comment choisir ? J’ai rencontré tant de gens formidables, mais j’ai forcément aujourd’hui une pensée pour Jean Frydman qui nous a quittés récemment.

Et vos prochains projets ?

J’écris des chansons, je lis des scénarios, films, pièces de théâtre, séries… J’attends avec impatience la sortie de Villa Caprice, avec Niels Arestrup et bien sûr de repartir sur les routes. En attendant, j’ai de quoi m’occuper, nous allons relancer et développer l’activité de production et post-production de « Madeleine films » que je viens de récupérer et qui, pour le clin d’œil se situe à Neuilly et pour un clin d’œil plus joli encore avait produit P.R.O.F.S. il y a…quelques années !