Vous deviez à l’origine publier une biographie sur Molière et finalement vous avez pris une autre direction. Quelles raisons vous ont poussé à faire ce choix ?
Quand j’ai quitté la Comédie-Française après y être resté 10 ans, Pierre Dux, mon maître de théâtre qui m’avait fait découvrir la scène et la vie de troupe, m’avait demandé de payer mon « dédit » à Molière en lui consacrant un livre. Je m’y suis attelé pendant des années et j’ai rédigé 600 pages sur sa vie et son oeuvre. L’ouvrage une fois terminé, j’ai tout suite pensé à Philippe Héraclès des Éditions Cherche Midi pour le publier. Mais en parlant avec Philippe, j’ai compris que ce n’était pas le livre que je devais sortir actuellement sur Molière. Je me suis donc remis au travail. Avec N’abandonnez jamais, ne renoncez à rien, je souhaitais faire comprendre qu’il fallait arrêter d’accepter des choses insupportables, ne pas baisser les bras et rester droit dans sa vie. Je voulais donner un espoir aux jeunes en leur prouvant que Molière, qui avait connu des échecs, s’était battu toute son existence et n’avait jamais rien cédé. J’ai en quelque sorte traversé le miroir toutes les vingt ou trente pages pour aller du côté de Molière et je revenais ensuite dans notre époque. Puis, je retraversais le miroir un peu comme Orphée de Cocteau…
Vous prônez dans ce livre un retour à l’individualisme et à la personnalité et vous incitez les gens à prendre leur destin en main…
C’est un livre de révolte par rapport à la société d’aujourd’hui. Les gens sont désespérés et devraient regarder le monde autrement que ce qu’on en dit ou montre. On nous a trop fait croire que l’individu n’existait plus, qu’on n’avait pas droit à la parole, qu’il fallait faire partie du groupe et penser aux autres avant de penser à soi. Je crois que la clé des 10 ans à venir, c’est au contraire de penser à soi et pour soi-même se tracer une vie magnifique et une vie de combat. Et c’est parce qu’on aura réussi sa vie qu’on servira d’exemple aux autres. Alors que si l’on efface et que l’on s’incline, on perd son espoir, sa passion et son originalité.
On dit souvent que vous êtes un homme entier, sans compromis. Comment l’interprétez-vous ?
Cela vient sans doute de mon père. C’était quelqu’un de très dur, à la fois comme homme et comme père. Et puis Jean-Louis Barrault, mon père de théâtre après Pierre Dux, m’a aussi appris la vie et m’a influencé. Il avait une phrase magnifique et me disait : « Tiens ton ombre droite ». Dès que je dois prendre une décision, je pense à la phrase de Barrault pour ne pas dévier de ma trajectoire.
Vous êtes un boulimique de travail et l’on a l’impression que vous n’arrêtez jamais. Quels sont vos projets en cette rentrée ?
Je suis en tournée jusqu’en 2018 avec trois spectacles. Je reprends la pièce de Laurent Ruquier À droite, à gauche avec Régis Laspalès. Je raconte dans Le Théâtre, ma vie, ma jeunesse et comment j’ai pu faire ce métier auquel je n’étais pas prédestiné. Enfin, Horowitz, le pianiste du siècle, spectacle en triangle, réunit le théâtre, la musique et le cinéma. Je joue Vladimir Horowitz qui revit sa vie du début à la fin. En parallèle, Claire-Marie Le Guay interprète les œuvres de Schumann, Schubert, Brahms, Rachmaninov, Liszt, Chopin, Tchaïkovski qui ont fait du pianiste un virtuose légendaire. Au cours de la représentation, des images d’archives défilent sur deux écrans géants. Ce spectacle sera notamment présenté en octobre à la première édition du Festival du Théâtre Français en Israël.
2018 va marquer votre retour à la télévision. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Après 10 ans d’absence, je vais tourner pendant 6-7 mois une saga énorme qui devrait se prolonger si tout se passe bien sur plusieurs années. Mon rôle est très éloigné de tout ce que j’ai pu interpréter précédemment à la télévision, le romantique, le flic, le chirurgien, le héros sans peur et sans reproche. Ce personnage très mystérieux sera totalement inattendu.
Vous avez vu le jour à Neuilly et n’y avez pas vécu. Avez-vous cependant gardé des liens avec la ville ?
Je suis né à Neuilly car ma mère voulait accoucher à l’Hôpital américain. Son fils ne pouvait naître que dans cet hôpital ! Je suis donc resté à Neuilly le temps que ma mère me mette au monde et après, nous sommes rentrés à Paris. Cet hôpital est important pour moi. Il représente un bout de mon cœur. J’y suis d’ailleurs revenu pour faire soigner mes filles. Neuilly est aussi le symbole de toute époque. En effet, j’ai beaucoup tourné avec la réalisatrice Nina Companeez et sa productrice, Mag Bodard, avait ses studios rue des Dames Augustines. Et puis Neuilly, c’est également le Théâtre des Sablons que j’adore. J’y ai joué plusieurs fois.