L’évolution de la condition féminine n’a cessé de croître depuis le milieu de XXème siècle. Après l’obtention du droit de vote et d’éligibilité en 1944, c’est la loi du 6 juin 2000 imposant la parité sur les listes de candidatures pour les élections municipales dans les villes de plus de 3 500 habitants, qui a véritablement transformé la place de la femme dans la sphère politique locale. Plus encore, cette loi a été renforcée en 2007, en imposant une stricte alternance sur les listes entre les hommes et les femmes et, surtout, en exigeant que la parité soit également respectée pour les adjoints au maire. « La parité a été un élément fondamental pour débloquer la situation », explique Marie-Claude Le Floc’h. Une vision partagée par l’intégralité de ses collègues adjointes qui saluent « un progrès nécessaire et bénéfique ». Une parité bien évidemment respectée à Neuilly (7 adjointes au maire sur 14) dont le premier adjoint – Alexandra Fourcade – est une femme. Un choix, puisqu’il n’est pas imposé par la loi, du maire de Neuilly Jean-Christophe Fromantin, apprécié par les élues : « Un vrai signal politique », selon Emmanuelle d’Orsay.
Une nécessaire complémentarité
Qu’il s’agisse du secteur privé ou du secteur public en matière de capacités féminines et masculines, les mentalités ont largement progressé. Ainsi, selon Maryline Sfedj : « L’évolution de la société, qui tend à faire disparaître les différences entre hommes et femmes, permet également aux femmes d’être plus présentes en politique ». Pour Marie-Claude Le Floc’h « La place des femmes en politique est fondamentale car elles apportent, sur le fond des sujets, souvent une façon différente et complémentaire à celle des hommes d’aborder les questions et de réfléchir ». Une meilleure représentativité des femmes mais qui manque cruellement aujourd’hui de modèles selon Alexandra Fourcade. « Pour faire évoluer les mentalités, il faut certes des lois mais aussi des combats menés par des personnalités fortes à l’instar de Simone Veil. »
Les compétences avant tout
Même si aucune des élues n’a subi de discriminations dans le cadre de son mandat, certains stéréotypes ont encore la vie dure, notamment concernant l’attribution des délégations. « J’en suis la preuve. Tout ce qui touche à la famille est en général confié à une femme », confie Emmanuelle d’Orsay. Mais à l’inverse, Nathalie Etzenbach-Huguenin en charge des finances, dont la délégation est souvent attribuée à un homme, explique : « C’est un constat mais ce n’est pas un sujet ». Et pour cause, à Neuilly, les élues ont unanimement déclaré que les délégations se justifiaient en fonction des compétences de chacun. « C’est ce qu’a fait Jean-Christophe Fromantin, parce qu’il a établi une liste de la société civile et donc privilégié les savoir-faire existants », observe Marie-Claude Le Floc’h.
Un déséquilibre persistant
Alors que le nombre de femmes élues a bondi au niveau local (21,7 % en 1995, 35% en 2008, 40,3 % en 2014), force est de constater que cette progression ne s’applique pas en ce qui concerne les têtes de liste et exécutifs locaux, dans une grande majorité représentés par des hommes (84 % des maires, 90,1 % des présidents de conseils départementaux et 83,3 % s’agissant des conseils régionaux), ainsi qu’au niveau national ou dans les partis politiques. « Un constat regrettable et injuste », selon Virginie Klein. « Plutôt que d’attribuer des pénalités, nous pourrions envisager d’imposer la parité à tous les échelons, comme ce qui a été réalisé pour les élections municipales », proposent Maryline Sfedj et Nathalie Etzenbach-Huguenin. Pour autant, la société progresse et pour Ariane Gellé, l’évolution « doit passer par l’éducation dès le plus jeune âge. Lors des dernières élections du Conseil Municipal des Jeunes en 2016, sur un total de 68 candidats, 45 étaient des candidates ! Une preuve que les lignes bougent ». Mais pour Virginie Klein, « le véritable changement interviendra lorsqu’une femme sera élue à la tête de l’Etat », à l’image de nos pays voisins, l’Angleterre et l’Allemagne.