Après Le Petit Journal, La nouvelle édition et Le Tube, sur Canal+, pourquoi avez-vous été tentée de présenter Zone Interdite sur M6 ?
Avant tout, l’émission en elle-même ! Zone Interdite fête cette année ses 25 ans et bénéficie d’une exceptionnelle longévité à l’heure où les programmes durent de moins en moins longtemps parce qu’il y a davantage d’offres. L’émission traite de la vie des Français et je pense que tant qu’il y aura une évolution de la société, Zone Interdite aura sa place. C’est donc un honneur pour moi de la présenter. Mon parcours s’est construit grâce à des opportunités. Car à chaque fin de saison, j’ai eu la chance de recevoir des propositions pour progresser dans une nouvelle émission ou une nouvelle chronique. Lorsque j’ai rencontré les membres de la direction de M6, ils m’ont parlé de leur souhait que je reprenne Zone Interdite. Il ne m’a pas fallu longtemps pour accepter ! Dès le départ, j’aimais le concept de l’émission et le groupe a généré de bonnes ondes. Vous savez, quand on passe un entretien d’embauche, il y a le contenu certes puis il y a le ressenti, le feeling. Là, toutes les cases ont été cochées. Cette occasion est arrivée comme une suite logique que j’avais construite depuis 4 ans car j’ai commencé en me spécialisant dans les médias, puis les sujets de société et l’info, notamment avec la présentation des JT de Canal+ pendant les vacances. J’ai 30 ans, c’est un moment de la vie où l’on a envie de progresser, d’apprendre des choses, où l’on commence à avoir des acquis et à les utiliser. C’est exactement ce que la chaîne me permet de réaliser.
Quelle stratégie avez-vous adoptée pour réinventer le programme tout en conservant son ADN ?
Je suis consciente que l’émission n’avait pas besoin de moi pour exister. J’ai donc fait part à la chaîne, de mon envie d’apporter un sens à ma présence, une raison d’être. Assez rapidement, j’ai eu l’idée de retourner au contact des gens en organisant des plateaux de lancement et des séquences d’interviews directement sur place. Cela avait déjà été fait auparavant à titre exceptionnel lorsqu’il y avait des occasions. J’ai alors pensé : « pourquoi ne pas se lancer le défi de le faire à chaque émission ? » Et M6 a accepté. Puis, on a eu l’idée que je raconte moi-même les émissions, que je les mixe. Nous l’avons expérimentée pour la première émission « Un an à Monaco ». Mais on ne savait pas si on allait le refaire pour toutes les autres. Globalement, la première s’est bien passée alors on a décidé de continuer ainsi. J’ai maintenant le sentiment que l’on travaille sur un résultat global entre le documentaire, le travail d’équipe, l’écriture, les plateaux de lancements, le mix… Concernant le choix des sujets, il se fait en équipe. L’émission est en prime le dimanche soir, elle doit donc concerner le maximum de personnes tout en étant familiale et en dévoilant des choses dont le public n’a pas accès dans son quotidien.
Comment se déroule une semaine « type » ?
Zone Interdite est produite en externe, par des sociétés de production qui tournent le documentaire. On est présent du début à la fin : l’équipe valide le choix des sujets, puis visionne les rushs en cours, réoriente s’il le faut en fonction de l’évolution du tournage et suit les étapes de montage jusqu’à la livraison finale. En tout, cela prend un an et il y a plusieurs tournages simultanément. Globalement, mon temps se partage entre le visionnage des rushs des différents sujets pour avancer et réorienter, l’enquête, la préparation des interviews, l’écriture de mes lancements, les journées de tournage (environ deux par émission), le montage des plateaux, la demie journée de mix… La semaine est bien remplie !
Quel est votre meilleur souvenir ?
J’ai été très touchée et impressionnée par les rencontres que j’ai faites. Depuis un an et demi, j’ai eu l’occasion de faire la connaissance de personnes qui vivent des histoires étonnantes, extraordinaires, troublantes, qui ont une raison d’être dans Zone Interdite. À chaque fois, je m’aperçois que la vie est tellement riche. C’est fantastique d’écouter leur parcours et de s’en inspirer pour devenir une personne meilleure. J’ai le sentiment d’avoir une plus grande ouverture d’esprit depuis que je présente l’émission. Je pense à Isaac, cet ado transgenre que j’ai rencontré à l’automne. Son histoire est incroyable : il décide dès son plus jeune âge d’être un garçon alors qu’il est né fille. Ce sont des exemples de vie qui m’ont percutée.
Et le pire ?
Je n’ai pas de pires souvenirs et j’espère ne pas en avoir ! Mais lorsque l’on croit beaucoup en un sujet et qu’il n’a pas été suivi autant qu’on l’aurait espéré, on est forcément déçu. Car le but reste bien sûr qu’il soit regardé.
Pouvez-vous nous dévoiler quelques secrets de coulisses ?
Tout simplement le travail fourni pour 90 minutes de diffusion ! Pour le plateau de 10 minutes d’interview, cela représente 15 jours de travail : il faut d’abord trouver les idées, les personnes à interviewer, enquêter sur le sujet, passer des journées en studio pour mixer car c’est un marathon de la voix ! Les téléspectateurs ne s’imaginent pas que je suis dans une cabine durant plusieurs heures pour faire et refaire les phrases. Cela représente de nombreuses étapes de construction, un travail en amont progressif. Le dimanche soir, c’est finalement la cerise sur le gâteau mais avant, il y a toute la recette qui est indispensable.