Plusieurs chantiers importants sont actuellement en cours ; où en est le plus emblématique d’entre eux, le projet de réaménagement des contre-allées Charles de Gaulle ?
Les travaux de la première phase vont démarrer en tout début d’année 2019 au niveau du pont de Neuilly et entre la Porte Maillot et la place du Marché. Nous travaillons sur l’organisation du chantier. Après huit années de négociation, de dialogue et d’études, je suis très heureux de voir ce projet des « Allées de Neuilly » aboutir. Cela va considérablement renforcer la qualité de vie et l’attractivité de notre ville. Ce projet s’intègre par ailleurs dans un nouveau paradigme urbain et métropolitain dont la qualité de l’environnement et celle du cadre de vie sont devenues une préoccupation centrale.
Comment concilier ces grands travaux avec la qualité de vie des Neuilléens ?
Notre ville se modernise et s’adapte ; nous ne pouvons pas nous en plaindre. D’autant plus que la plupart de ces opérations concernent de nouveaux équipements pour les Neuilléens comme une médiathèque ou un nouveau centre sportif. En revanche, il est vrai que cette concomitance des projets appelle la plus grande attention au suivi de l’organisation des travaux et aux installations de chantier. Nos équipes sont totalement mobilisées et nous sommes particulièrement exigeants auprès des différents maîtres d’ouvrage, publics ou privés, qui interviennent sur la commune. Le futur complexe sportif du boulevard Koenig est attendu par tous les Neuilléens et les associations. Où en est-on des travaux ? Les travaux courent jusqu’en décembre 2019 et l’ouverture des nouvelles salles de sport est prévue dans les premières semaines de 2020. Nous échangeons actuellement avec les associations sportives pour peaufiner les besoins et les installations matérielles nécessaires. Ce nouveau centre sportif correspond effectivement à une attente très forte. Par un jeu de chaises musicales, nous transférerons certaines pratiques du Théâtre des Sablons vers ce nouvel équipement et pourrons ouvrir de ce fait d’autres créneaux pour les activités culturelles.
Pour quelles raisons la municipalité a-t-elle lancé une grande campagne de lutte contre les incivilités ?
Les incivilités deviennent un véritable fléau. Elles percutent au quotidien les efforts faits pour le cadre de vie, portent atteinte à la sécurité et représentent des dépenses importantes. Les déjections canines et la détérioration des espaces verts, les dépôts sauvages de poubelles et d’encombrants, la circulation des vélos sur les trottoirs ou la prolifération des mégots sont autant d’incivilités à combattre. Nous le faisons par des campagnes de prévention, en proposant des solutions, mais aussi en intensifiant les verbalisations : recherche systématique de l’origine des encombrants et transmission des PV au procureur ; 450 amendes à 90 euros dressées depuis six mois pour la circulation de deux-roues sur les trottoirs ; des contrôles plusieurs fois par jour des propriétaires de chiens dans les zones les plus touchées et des amendes à 75 euros. Les équipes de police ont des consignes claires pour dissuader les contrevenants. J’en appelle vraiment à la responsabilité de chacun.
Après l’arrivée récente de SEPHORA et de RTL, le siège de Christian DIOR s’installera à Neuilly en 2019 ; pourquoi la Ville est-elle aussi attractive pour les entreprises ?
Le chantier engagé sur l’avenue Charles de Gaulle constitue pour beaucoup d’entreprises un élément déterminant pour leurs futures implantations. À trois titres : celui du cadre de vie, celui du standing pour leur image et celui de la qualité environnementale de ce projet dont la végétalisation de trois hectares va être un des marqueurs les plus forts. D’autres projets d’installation d’entreprises sont en cours qui devraient renforcer encore le dynamisme de notre ville. Je rappelle que dans un classement récent, Neuilly a été placée comme la 2ème ville la plus dynamique de France (Le Figaro Eco, août 2017, 2ème place sur 113 villes de plus de 50 000 habitants).
Un rapport récent de la DGFIP conclut à une gestion « saine, équilibrée et maîtrisée » des dépenses publiques ; ces résultats vous incitent-ils à poursuivre votre politique budgétaire ?
J’attache une très grande importance à la qualité de la gestion de notre ville. D’abord parce qu’il s’agit de nos contributions, également parce que les aléas de l’actualité appellent à la plus grande prudence, enfin parce que les injonctions permanentes de l’Etat nous obligent à être particulièrement vigilants. La ville n’a pas augmenté la taxe d’habitation depuis 8 ans, elle reste l’une des plus basses de France ; nos dépenses ont baissé de 10% en cinq ans ; notre dette est très faible ce qui nous laissent de réelles marges de manoeuvre pour investir pour l’avenir de notre ville. Je suis attaché à cette rigueur budgétaire. La Direction des
Finances publiques vient effectivement de nous donner un satisfecit et l’agence Moodys, à laquelle j’avais demandé de noter la Ville, vient de lui attribuer la note Aa3 qui est la meilleure que nous pouvions espérer.
Comme Paris et de nombreuses villes alentours, Neuilly est confrontée au problème des rats ; quelles mesures prenez-vous pour lutter contre ce véritable fléau ?
Nous avons mis en place une série de mesures parmi lesquelles une intensification des campagnes de dératisation, la pose d’appâts dans tous les espaces publics qui sont signalés, des injections de glace carbonique dans les terriers, mais aussi des concertations avec les villes voisines. Complémentairement, des consignes sont données à l’exploitant du réseau d’assainissement ainsi qu’à toutes les entreprises qui mènent des travaux sur la commune afin qu’elles prennent des mesures de prévention et d’éradication. J’attire également l’attention de tous les propriétaires privés et des copropriétés pour que des traitements préventifs soient mis en place dans les parties communes en particulier les caves, les locaux à poubelles et les cours d’immeuble.
La nouvelle brigade de nuit de la police municipale répond-elle aux besoins de sécurité des Neuilléens ?
Depuis le mois de juillet, deux équipages de nuit, reliés au centre d’appel et de surveillance vidéo, sillonnent la ville une grande partie de la nuit. Ils surveillent de nombreux espaces publics, les parcs et les squares, coordonnent leurs interventions avec la police nationale et répondent aux appels et aux signalements. Beaucoup de Neuilléens les ont sollicités en particulier suite à des tapages nocturnes. Cette brigade de nuit répond à un véritable besoin de sécurité mais aussi de lutte contre les incivilités. J’ai moi-même passé du temps avec eux sur le terrain pour caler le périmètre de leurs interventions et nos priorités.
Qu’avez-vous pensé du rapport Castro et qu’attendez-vous de la réforme du Grand Paris annoncée depuis près d’un an par le Président de la République ?
Le Rapport Castro ne répond pas à ce que nous attendions du Grand Paris. Au-delà du fait qu’il propose une vision passéiste de la métropole, il ne mentionne aucune des questions au sujet desquelles nous espérions des réponses rapides. Je pense à la simplification de la construction de l’organisation métropolitaine. Par ailleurs, ce rapport ne participe pas d’un éclaircissement des ressources et des financements des intercommunalités. Je suis très préoccupé par ce statu quo qui neutralise une partie de l’initiative locale et donne aux administrations centrales un poids trop important.
Les élections européennes sont en juin 2019 ; de quelle Europe rêvez-vous ?
Je crains une rétractation des pays d’Europe. L’Europe est une échelle de gouvernance de plus en plus pertinente pour de nombreux enjeux contemporains comme ceux de l’immigration, du développement économique ou de l’environnement. L’Europe est également un espace de diversité culturelle ; ses territoires incarnent une richesse patrimoniale unique au monde qui forme le sousjacent de son histoire et de son identité. L’Europe est un creuset de valeurs communes qui sont fondamentales pour nos libertés. Je rêve de l’Europe de Robert Schuman qui faisait de la prospérité et de la paix un double défi à la portée des Européens et dans l’intérêt de tous. Son appel reste d’une surprenante actualité.
Travailler là où nous voulons vivre
Vers une géographie du progrès
Par Jean-Christophe Fromantin
À l’heure où l’innovation est synonyme de grands changements, Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuillysur-Seine, dépeint un nouveau modèle de société pour les générations futures. Avenir des métropoles, révolutions écologiques, géographiques et rapport du lieu de vie avec celui du travail, le sens du progrès est à l’ordre du jour.
Édition François Bourin – 18€