Pourquoi avez-vous choisi cette pièce de Guitry en particulier ?
Faisons un rêve est la première pièce de Guitry que je mets en scène et que j’interprète. Je la connais depuis longtemps. Je l’avais vue jouer par Claude Rich au théâtre Saint-Georges. Cela m’avait beaucoup marqué. Il y avait quelque chose de profondément jubilatoire dans ce spectacle. Cette pièce de jeunesse date de 1914. Et même si Guitry affiche déjà son cynisme, on n’est pas encore dans le Guitry revenu de tout et moralisateur. On est dans l’enthousiasme de l’amour, de la première fois, du premier jour. Et les personnages dégagent beaucoup d’énergie.
Comment conciliez-vous votre rôle de metteur en scène et de comédien dans Faisons un rêve ?
Je peux faire les deux quand le chemin vers le rôle n’est pas trop escarpé ou trop complexe. Je m’entoure de gens avec lesquels je suis en confiance. Il n’y a pas de rapports de force en metteur en scène et acteur. Tout le monde met son ego de côté. J’ai aussi des assistants qui ont de vrais regards extérieurs et qui peuvent me recadrer s’ils estiment que cela ne fonctionne pas.
Le théâtre de Guitry est-il audacieux ?
Comme dans son cinéma, Guitry a inventé beaucoup de choses. Le second acte de Faisons un rêve est un long monologue au téléphone. En 1914, le téléphone n’était pas ce qu’il est devenu aujourd’hui, y compris dans les relations amoureuses. Cela ne répondait à aucune règle de l’époque. C’était fort, visionnaire et gonflé. Je trouve Guitry moderne dans sa vision de la société et dans sa vision du théâtre. Tous ses personnages sont dans une vérité humaine formidable. C’est un très grand auteur. Mais il est drôle et comme tous les auteurs drôles, il est moins bien considéré que les auteurs sérieux…
FAISONS UN RÊVE
Une pièce de Sacha Guitry
Avec Marie-Julie Baup, Nicolas Briançon, Michel Dussarat, Éric Laugérias
Mise en scène de Nicolas Briançon.
Jeudi 22 novembre à 20h30 au Théâtre des Sablons.