Rencontre.
Docteur Alain Lurie.
Pneumologue et spécialiste du sommeil au sein des cliniques Ambroise Paré, Pierre Cherest et Hartmann de Neuilly-sur-Seine.
Quelles sont les pathologies liées au sommeil ?
Les patients viennent consulter pour somnolence ou fatigue excessives, ronflements, apnées suspectées par le patient lui-même ou plus souvent par son conjoint, insomnie ou perception d’un mauvais sommeil.
Comment se déroule une consultation ?
Le patient commence par répondre à des questionnaires. Ces questionnaires recherchent des arguments en faveur de plusieurs maladies associées au sommeil et à la vigilance. Ce sont par exemple les apnées du sommeil, l’anxiété, la dépression, les jambes sans repos, la Narcolepsie. Les réponses aux questionnaires peuvent orienter vers une hypothèse diagnostique. Elles serviront de valeurs de référence pour juger de l’efficacité d’un traitement. Ces réponses sont confrontées à celles obtenues pendant l’interrogatoire et l’examen du patient.
Quel est l’examen permettant de diagnostiquer la pathologie ?
En premier lieu, l’agenda de sommeil permet d’indiquer l’heure du coucher, la continuité du sommeil, l’heure du lever, les siestes ou les accès de somnolence (bâillements). Il existe différents types d’examens du sommeil. La polygraphie n’enregistre que la respiration pendant le sommeil. La polysomnographie est l’examen de référence. Au cours de cet examen, un appareil enregistre le sommeil, la respiration, le cœur, les mouvements de jambes, du corps et la voix. Les patients peuvent être filmés.
Quelles en sont les étapes ?
Le patient se présente au sein de la clinique Pierre Cherest qui dispose de habituellement quatre lits d’exploration du sommeil. Il entre vers 18 h, se douche puis dîne. Un technicien du sommeil place des électrodes sur la tête, près des yeux, sur le thorax, l’abdomen, les jambes et un doigt. Je me sers des enregistrements vidéos afin de détecter des mouvements anormaux par exemple. L’examen se termine à 6 h du matin par le retrait des capteurs. J’analyse ensuite les données et rédige un compte-rendu de synthèse, clinique et polysomnographique, pour envisager le traitement avec le patient.
Quels sont les traitements ?
Ils dépendent des maladies diagnostiquées. En ce qui concerne les apnées obstructives pendant le sommeil, le traitement médical peut consister en une perte de poids, une orthèse d’avancée mandibulaire (sorte de gouttière), une ventilation par pression positive continue. Le traitement est moins souvent chirurgical (ablation d’amygdales de gros volume, chirurgie bi-maxillaire par exemple). Les patients présentent souvent plusieurs troubles du sommeil associés. Il faut donc établir des liaisons avec d’autres spécialistes comme l’ORL, le psychiatre ou le neurologue afin d’obtenir une prise en charge optimale.
Chiffres
La durée du sommeil normal varie selon les individus : de 6 heures (court dormeur) à 10–12 h (long dormeur). La durée du sommeil profond, le sommeil récupérateur de la fatigue de la journée précédente, est de 110-120 minutes. La durée du sommeil de rêve (sommeil paradoxal) s’exprime en pourcentage du temps de sommeil. Un individu rêve pendant 20 à 25 % de son temps de sommeil.
3 à 7% des individus de la population générale ont des apnées obstructives du sommeil. Ce pourcentage augmente chez les patients atteints de maladies cardiovasculaires (20-30 %) ou métaboliques comme le diabète (30 à 90 % selon le degré d’obésité).
La sévérité des apnées est quantifiée par la mesure du nombre d’apnées (interruption complète de la respiration) et d’hypopnées (interruption partielle de la respiration) par heure de sommeil. Les apnées sont dites légères (5/h à 14,9/h), modérées (15/h à 29,9/h) ou sévères (plus de 30/h).